16 avril 2012

INTERVIEW: Entretien avec Tuomas Holopainen - NIGHTWISH



Groupe phare de la ferronnerie du 3ème millénaire, Nightwish revient après quatre ans de silence discographique et annonce une tournée qui s’arrêtera entre autres par le Palais Omnisport de Bercy, une première pour le groupe. 

Pour son deuxième album avec la chanteuse suédoise Anette Olzon, Nightwish ne signe pas un retour en fanfare. En effet, délaissant le côté pompier tapageur inhérent au métal symphonique, dont ils sont pourtant les pionniers au profit d’ambiances finement ciselées, ils semblent redonner un second souffle à un genre frappé du sceau de la vulgarité. Pour Tuomas Holopainen, claviériste de la formation il s’agit plus d’un aboutissement : « Mon influence principale vient des bandes originales de films. Des compositeurs tels que James Newton Howard, Howard Shore, Hans Zimmer, John Williams, évidemment, ou encore Angelo Badalamenti… En outre, Imaginaerum sera la bande son d’un film réalisé par Stobe Harju (notamment réalisateur du clip The Islander, NdA). Il s’agit d’un album à thème sur la vie d’un homme… voilà pourquoi le disque alterne des passages très sombres avec des moments plus légers. La vie est ainsi faite, rien n’est linéaire. » Quinze ans pour aboutir à son projet, l’on connaît des apprentis maîtres du monde qui n’ont pas une telle patience. Pourtant, en quinze ans, ce qui avait commencé comme un groupe acoustique fait pour chanter autour des feux de camp a réellement grandi, avec ses joies et ses drames (le licenciement avec pertes et fracas de la chanteuse originelle Tarja Turunen, par exemple. Une chanson lui sera vicieusement dédiée sur Dark Passion Play). Tout cela grâce à la vision du claviériste, qui se voit surtout comme un démiurge. « Nightwish est un peu mon bébé. Les autres membres du groupe ont évidemment leur mot à dire mais au final, ça reste ma création. Je suis le compositeur principal, je donne les impulsions et la marche à suivre aux autres. C’est un rôle parfois dur à assumer, mais je ne le changerais pour rien au monde. » 



Si l’on pourrait de prime abord lui en vouloir d’avoir ouvert la boîte de Pandore en créant quasiment à lui tout seul le métal symphonique, il est dur de rester inquisiteur devant le personnage. Malgré son apparence de viking, on sent un certain manque d’assurance chez celui qui est pourtant leader au sein de son groupe. « Pour Imaginaerum, on a tous enregistré dans notre coin. Moi dans ma cave, le guitariste dans son garage… Nous ne sommes allés en studio que pour quelques overdubs et pour les voix d’Anette. Je préfère travailler ainsi, c’est plus rassurant, je peux être le seul maître à bord, me concentrer comme je l’entends. Impossible pour moi de faire deux choses en même temps. Voilà aussi pourquoi il y a eu tant de délai entre Dark Passion Play et Imaginaerum. Après la sortie du précédent, nous nous sommes embarqués dans une tournée de deux ans. Ensuite j’ai pris un an pour composer, puis il nous a fallu neuf mois pour enregistrer. C’est un processus plutôt long, mais qui me va. J’aime bien ce cycle ‘composition/enregistrement/promo/tournée’. Ca fait partie du métier, je ne comprends pas que les groupes s’en plaignent. Tout ne peut pas être que plaisir, on a aussi des obligations vis à vis de notre public ou de notre maison de disque. Après tout, on est mieux dans un tour bus qu’à la chaîne dans une usine, non ? En plus, on a la chance d’être sur un label indépendant et d’avoir en même temps du succès. Croyez moi, il vaut mieux être un gros groupe sur un petit label qu’un groupe parmi tous les autres sur une major. De toutes façons, les grosses structures coulent, et c’est tant mieux. La musique va bientôt arriver à un tournant très excitant, tout va être à reconstruire ! »


Quant à la tournée de Nightwish, elle s’arrêtera à Paris-Bercy, Lyon et Nantes en Avril 2012, une première pour un groupe symphonique. L’occasion de faire un « Big 4 of symphonic metal ? » « Quel serait l’intérêt ? Il y a de bons groupes dans ce genre, comme Epica, mais ce serait un peu redondant. Au restaurant, on ne commande pas une pizza en entrée, en plat et en dessert, non ? » En pleine mode des concerts « all star » (Rob Halford, de Judas Priest voulant créer celui de la NWOBHM), le raisonnement se tient, malgré son audace bienvenue. Après tout, imposer un peu d’ouverture d’esprit à un public pourtant peu réputé pour sa tolérance semblerait presque salutaire. Nightwish, en 2012, serait donc le Boy George de la métallurgie moderne, qui invite les publics à se rassembler malgré leurs différences ? L’idée semble tellement folle qu’on ne peut que la soutenir. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un groupe sort son premier bon album en plus d’une décennie d’existence.
         
Recueilli par JS ( un grand merci à lui ! )


Aucun commentaire: