Groupe phare de la ferronnerie du 3ème
millénaire, Nightwish revient après quatre ans de silence discographique et
annonce une tournée qui s’arrêtera entre autres par le Palais Omnisport de
Bercy, une première pour le groupe.
Pour son deuxième album avec la chanteuse suédoise Anette Olzon,
Nightwish ne signe pas un retour en fanfare. En effet, délaissant le côté
pompier tapageur inhérent au métal symphonique, dont ils sont pourtant les
pionniers au profit d’ambiances finement ciselées, ils semblent redonner un
second souffle à un genre frappé du sceau de la vulgarité. Pour Tuomas
Holopainen, claviériste de la formation il s’agit plus d’un aboutissement : « Mon influence principale vient des bandes
originales de films. Des compositeurs tels que James Newton Howard, Howard
Shore, Hans Zimmer, John Williams, évidemment, ou encore Angelo Badalamenti… En
outre, Imaginaerum sera la bande son
d’un film réalisé par Stobe Harju (notamment réalisateur du clip The
Islander, NdA). Il s’agit d’un album à
thème sur la vie d’un homme… voilà pourquoi le disque alterne des passages très
sombres avec des moments plus légers. La vie est ainsi faite, rien n’est
linéaire. » Quinze ans pour aboutir à son projet, l’on connaît des
apprentis maîtres du monde qui n’ont pas une telle patience. Pourtant, en
quinze ans, ce qui avait commencé comme un groupe acoustique fait pour chanter
autour des feux de camp a réellement grandi, avec ses joies et ses drames (le
licenciement avec pertes et fracas de la chanteuse originelle Tarja Turunen,
par exemple. Une chanson lui sera vicieusement dédiée sur Dark Passion Play). Tout cela grâce à la vision du claviériste, qui
se voit surtout comme un démiurge. « Nightwish
est un peu mon bébé. Les autres membres du groupe ont évidemment leur mot à
dire mais au final, ça reste ma création. Je suis le compositeur principal, je
donne les impulsions et la marche à suivre aux autres. C’est un rôle parfois
dur à assumer, mais je ne le changerais pour rien au monde. »
Si l’on
pourrait de prime abord lui en vouloir d’avoir ouvert la boîte de Pandore en
créant quasiment à lui tout seul le métal symphonique, il est dur de rester
inquisiteur devant le personnage. Malgré son apparence de viking, on sent un
certain manque d’assurance chez celui qui est pourtant leader au sein de son
groupe. « Pour Imaginaerum, on a tous enregistré dans notre coin. Moi
dans ma cave, le guitariste dans son garage… Nous ne sommes allés en studio que
pour quelques overdubs et pour les voix d’Anette. Je préfère travailler ainsi,
c’est plus rassurant, je peux être le seul maître à bord, me concentrer comme
je l’entends. Impossible pour moi de faire deux choses en même temps. Voilà
aussi pourquoi il y a eu tant de délai entre Dark Passion Play et Imaginaerum. Après la sortie du précédent, nous nous sommes embarqués dans une
tournée de deux ans. Ensuite j’ai pris un an pour composer, puis il nous a
fallu neuf mois pour enregistrer. C’est un processus plutôt long, mais qui me
va. J’aime bien ce cycle ‘composition/enregistrement/promo/tournée’. Ca fait
partie du métier, je ne comprends pas que les groupes s’en plaignent. Tout ne
peut pas être que plaisir, on a aussi des obligations vis à vis de notre public
ou de notre maison de disque. Après tout, on est mieux dans un tour bus qu’à la
chaîne dans une usine, non ? En plus, on a la chance d’être sur un label
indépendant et d’avoir en même temps du succès. Croyez moi, il vaut mieux être
un gros groupe sur un petit label qu’un groupe parmi tous les autres sur une
major. De toutes façons, les grosses structures coulent, et c’est tant mieux.
La musique va bientôt arriver à un tournant très excitant, tout va être à
reconstruire ! »
Quant à la tournée de Nightwish, elle s’arrêtera à Paris-Bercy, Lyon et Nantes en Avril 2012,
une première pour un groupe symphonique. L’occasion de faire un « Big 4 of
symphonic metal ? » « Quel
serait l’intérêt ? Il y a de bons groupes dans ce genre, comme Epica, mais
ce serait un peu redondant. Au restaurant, on ne commande pas une pizza en
entrée, en plat et en dessert, non ? » En pleine mode des
concerts « all star » (Rob Halford, de Judas Priest voulant créer
celui de la NWOBHM), le raisonnement se tient, malgré son audace bienvenue.
Après tout, imposer un peu d’ouverture d’esprit à un public pourtant peu réputé
pour sa tolérance semblerait presque salutaire. Nightwish, en 2012, serait donc
le Boy George de la métallurgie moderne, qui invite les publics à se rassembler
malgré leurs différences ? L’idée semble tellement folle qu’on ne peut que
la soutenir. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un groupe sort son
premier bon album en plus d’une décennie d’existence.
Recueilli par
JS ( un grand merci à lui ! )
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