9 mars 2012

Chronique de Wrecking Ball - Bruce Springsteen (2012)


Le mois de mars nous apporte cette année en plus de la douceur du printemps, le dernier opus du Boss, Wrecking Ball. Bruce Springsteen, de tendance démocrate et qui a soutenu dernièrement John Kerry et Barack Obama, n’est pas content et veut le montrer à travers un album de révolte. Evidemment, nous citoyens de l’hexagone, on peut se demander qu’est-ce qu’on irait chercher dans un album destiné au peuple américain ? Peut-être un peu de musique et de talent pour commencer, avec cette période de vache maigre niveau bons albums, on ne peut que se réjouir de mettre cette œuvre sur notre platine. Un album engagé, c’est le moins que l'on puisse dire. L’Américain a l’air déçu du gouvernement du président qu’il a tant soutenu, il scande son mépris pour la gestion des différentes crises avec à la clé, toujours l’appauvrissement des classes moyennes pendant que d’autres s’enrichissent et profitent de cette période de trouble. Un peu démago, n’est-ce pas ? Néanmoins, on ne peut pas en vouloir à Bruce, qui aime son pays et son peuple, à vrai dire le Rock est une musique de rébellion.

Cet album se veut fédérateur, on le voit aux nombreux chœurs présents dans cet album, des sortes d’hymnes à scander pour protester contre l’injustice. Comme à son habitude, le Boss ne se cantonne pas au Rock et va explorer des genres variés, allant du gospel au blues et en passant par des chants plus traditionnels. Avec le Boss, on ne s’apitoie pas sur son sort en chialant toutes les putains de larmes de son corps, on est tous capable d’agir pour améliorer les choses, alors tant qu’à faire, faisons le sur des chansons qui donnent du cœur au ventre. We Take Care of Our Own rassemble tous les horizons, que l’on soit de Chicago à la Nouvelle-Orléans, au niveau musical, du Sprinsteen pur jus, dans la veine de ses derniers albums, quelques effets en trop à mon goût, notamment des échos qui donnent une lourdeur au morceau. On peut noter la présence de Tom Morello
sur cet album, sur Jack Of All Trades et This Depression qui nous sanctifie d’un solo plutôt réussi sur la première. Comme évoqué précédemment, Springsteen surfe aussi sur la musique traditionnelle et plus particulièrement le folk irlandais, Death to My Hometown est un morceau terriblement accrocheur et engagé, on y sent toute la colère du Boss à travers cet univers populaire mêlant les flûtes irlandaises et les chœurs d’inspiration africaine. Un beau mélange de toute la culture américaine, la chanson titre Wrecking Ball apporte une touche country avec toujours cette même rage, le titre signifiant littéralement la boule de destruction que l’on utilise pour démolir des bâtiments, Bruce encourage ses confrères qui viennent du même milieu banlieusard du New Jersey que lui à se lever si ils en ont le courage et les couilles. On notera la présence de synthétiseurs par forcément nécessaires et qui enlèvent encore une fois à la chanson un certain charme. L’envoutant Rocky Ground reste en tête tout le reste de l’album et nous surprend à la fin avec un chant rappé, pas trop ma tasse de thé mais le résultat est correct.

We are alive nous rappelle encore une fois la tradition irlandaise, rappelons que le père de Bruce était un irlandais comme beaucoup d’immigrants américains. Land of Hope and Dreams est un ultime hommage à Clarence Clemons, ce titre enregistré il y a une dizaine d’année mais encore jamais sorti vient nous rappeler le talent de Big Man, son saxo qui fait frissonner tous fans du E-Street Band, cet homme trop grand pour mourir me fait verser une larme.

Un album qui a ses défauts, une utilisation peut être trop massive des effets studio qui retire un certain naturel et la spontanéité mais la critique est facile, Wrecking Ball est un bon album, qui nous rappelle à tous que le Rock est une musique avant tout de protestation et que la culture est un bon moyen d’exprimer son mécontentement. Le Boss, à 62 ans, est fidèle à lui-même, des albums comme ça, j’en voudrais tous les jours à la radio. Malheureusement, on est encore condamné à se taper de la soupe face et sans âme en France, viendra peut-être le moment où nous aussi, nous prendrons notre courage à deux mains et hisseront la musique à la hauteur où elle devrait être. Je donne rendez-vous aux fans du Boss à Bercy en Juillet, car le Boss peut pondre n’importe quel album, il reste une référence en terme de concert.

Merwan


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